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JAM
29 juillet 2005

Je me suis fait des cadeaux

Il n'était pas vingt-deux heures quand je me suis endormi, il n'était pas deux heures quand je me suis réveillé. Aussitôt sorti des bras de Morphée, aussitôt levé. L'orage s'étant éloigné, l'ordinateur fonctionne à nouveau, ce qui tombe plutôt bien puisque je m'installe devant et que j'ai besoin d'une liaison avec le net pour pouvoir vaquer à mes cyber-occupations.

Hier a été placé sous le signe de l'action. J'ai commencé par le grand ménage de l'appartement, suivi du repassage de l'intégralité des six mois de linge non repassé. Je méritais une récompense, aussi ai-je ensuite commandé un appareil photo, je me suis finalement décidé pour celui-ci et une télévision LCD. La paie des cours donnés à la fac venait de tomber et comme tout bon pauvre qui se respecte, je suis incapable de faire fructifier l'argent durement gagné, aussi le dépensé-je aussitôt.

Puis, j'ai pris l'initiative de téléphoner à S. pour qu'il vienne prendre l'apéritif. Cela faisait un moment que je ne l'avais pas vu et comme j'avais décliné plusieurs invitations, je me suis dit qu'il fallait faire un geste. Apéritif à la maison avant de nous diriger vers le QG pour les verres suivants. Installés à la terrasse, entre deux orages, pour une pinte ou deux. Je n'avais pas bu depuis Paris, l'alcool me monte rapidement à la tête et je me retrouve pris d'une légère ivresse (très légère) accompagné d'une solide envie de dormir à laquelle je donne suite sitôt rentré à l'appartement.

Allumant par hasard la radio (France Inter) je suis tombé sur une interview de Jacques Brel (je croyais qu'il était mort) très intéressante. J'y ai appris que le J.B. ne connaissait pas le message délivrés par ses chansons avant que son corps ne lui indique. Il écrivait un texte, le laissait mûrir, le chantait, et la gestuelle s'imposait d'elle-même. Le langage des mains lui indiquait ensuite la signification de la chanson. Ainsi, dans la chanson « les bonbons » son corps lui a appris que celui qui chante n'est pas un naïf mais un méchant, et que le héros de « Ces gens-là » est un faux-témoin, même si son témoignage est bien observé. Dommage, j'ai pris l'émission en cours. Cela a été l'occasion d'écouter « Bruxelles » et de réécouter « Ces gens-là » et de me faire la réflexion que tous les nouveaux chanteurs de variété française pouvaient s'accrocher avant de pondre des textes d'une telle intensité (je ne voudrais pas les dénigrer pour autant, je ne dis pas que ce qu'ils font soit nul)

Du coup, voici le texte de la chanson de Brel « Ces gens-là »:

D'abord il y a l'aîné
Lui qui est comme un melon
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qui boit
Ou tellement qu'il a bu
Qui fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n'en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui se prend pour le roi
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu'on retrouve matin
Dans l'église qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques
Et puis qui balbutie
Et qui a l'œil qui divague
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas Monsieur
On ne pense pas on prie

Et puis, il y a l'autre
Des carottes dans les cheveux
Qu'a jamais vu un peigne
Ouest méchant comme une teigne
Même qu'il donnerait sa chemise
A des pauvres gens heureux
Qui a marié la Denise
Une fille de la ville
Enfin d'une autre ville
Et que c'est pas fini
Qui fait ses petites affaires
Avec son petit chapeau
Avec son petit manteau
Avec sa petite auto
Qu'aimerait bien avoir l'air
Mais qui n'a pas l'air du tout
Faut pas jouer les riches
Quand on n'a pas le sou
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne vit pas Monsieur
On ne vit pas on triche

Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n'importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d'apôtre
Et dans son cadre en bois
Il y a la moustache du père
Qui est mort d'une glissade
Et qui regarde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands flchss
Et ça fait des grands flchss
Et puis il y a la toute vieille
Qu'en finit pas de vibrer
Et qu'on attend qu'elle crève
Vu que c'est elle qu'a l'oseille
Et qu'on écoute même pas
Ce que ses pauvres mains racontent
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne cause pas Monsieur
On ne cause pas on compte

Et puis et puis
Et puis il y a Frida
Qui est belle comme un soleil
Et qui m'aime pareil
Que moi j'aime Frida
Même qu'on se dit souvent
Qu'on aura une maison
Avec des tas de fenêtres
Avec presque pas de murs
Et qu'on vivra dedans
Et qu'il fera bon y être
Et que si c'est pas sûr
C'est quand même peut-être
Parce que les autres veulent pas
Parce que les autres veulent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu'elle est trop belle pour moi
Que je suis tout juste bon
A égorger les chats
J'ai jamais tué de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j'ai oublié
Ou ils sentaient pas bon
Enfin ils ne veulent pas
Parfois quand on se voit
Semblant que c'est pas exprès
Avec ses yeux mouillants
Elle dit qu'elle partira
Elle dit qu'elle me suivra
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors moi je la crois Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement
Parce que chez ces gens-là
Monsieur on ne s'en va pas
On ne s'en va pas Monsieur
On ne s'en va pas
Mais il est tard Monsieur
Il faut que je rentre chez moi.

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