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JAM
26 mai 2005

Les sondages me font penser aux cours d'eau : ils sont le reflet de notre société *

J’ai lu hier un tout petit livre de Clarissa Pinkola Estés, « le don de l’histoire » sous-titré « Conte de sagesse à propos de ce qui est suffisant » Il se lit en une demi-heure et est vraiment très bien. CPE défend l’idée du conte nourricier, de l’histoire qui guérit les âmes, et apporte dans notre monde terrestre l’amour et la compassion (je ne me suis pas fait iéch, j’ai recopié une partie du quatrième de couverture)

J’ai trouvé intéressante cette idée et je me disais que c’était bien dommage d’avoir la mémoire volatile. Je ne me rappelle jamais des histoires que l’on me raconte. Je ne peux donc guérir les âmes des autres. Par contre, j’aime écouter les histoires, celles qui ont une morale, dont je peux éventuellement tirer un enseignement. Je ne parle pas des beuveries diverses et variées dont certains me font régulièrement part et dont la seule morale que je puisse tirer se résume en « boire, c’est mal » mais toutes les autres sont enrichissantes. J’aime écouter mais je ne retiens rien. C’est avantageux pour le conteur, il peut me raconter plusieurs fois la même histoire, elle conserve toujours l’attrait de la nouveauté. Par contre, je suis nul dans le rôle de relais : alors que je devrais répéter les histoires entendues, j’en suis incapable, je ne m’en souviens pas.

De travailler à l’atelier hier, j’ai attrapé une suée. Le temps s’est mis à la chaleur et les bâtiments en tôles sont devenus irrespirables. Une raison de plus de me réjouir de la fin des cours car étant donnée la chaleur, les élèves refusent de travailler et ne songent qu’à s’échapper pour aller respirer l’air (ainsi que fumer des cigarettes et reluquer les filles) Je ne peux pas trop leur en vouloir, même si je prends mon rôle de prof au sérieux et que régulièrement je les rappelle à l’ordre (je leur demande de rentrer, pas de travailler)

J’ai loupé une bonne occasion de fausser les sondages. Vers vingt heures, la sonnerie du téléphone retentit, c’est IPSOS. Une voix de femme me demande si cela ne me dérange pas de lui donner cinq minutes de mon temps afin de répondre à quelques questions. De ma voix la plus mielleuse, je réponds que non, pas du tout. Je suis certain qu’à cet instant, mon œil brille, réjoui que je suis à l’idée de raconter n’importe quoi.

Elle pose les questions d’usage, pour déterminer si je rentre dans le cadre de l’enquête ou non. Elle me demande d’abord si j’ai plus de dix-huit ans. Je lui réponds oui, elle est contente. Ensuite, elle me demande ma profession, je réponds : « enseignant » Et là, catastrophe, elle n’a pas cela dans ses listes. Elle prend le temps de regarder, ne trouve rien, me demande s’il n’y a pas une autre appellation. Je lui dis qu’elle devrait chercher à professeur mais non, rien. Elle me dit qu’elle n’a que maître ou instituteur. Flûte ! Je me dis qu’Ipsos ferait bien de remettre ses listes à jour car à part quelques anciens qui conservent, je crois, la dénomination d’instituteurs, le nom a changé depuis des années pour le magnifique « professeur des écoles » Je ne lui dis rien mais je n’en pense pas moins (d’autant plus que cela n’a strictement aucune importance) Toujours est-il que je ne conviens pas, que je ne rentre pas dans le cadre.

Elle s’excuse, je lui rétorque que ce n’est pas grave alors que si, c’est grave : j’ai loupé une occasion de m’amuser à raconter des idioties tout en désinformant un de ces instituts de sondage qui pourrissent la vie en la faisant rentrer dans des chiffres.

J’ai raté mon coup, c’est dommage. Cependant, j’ai décidé de systématiquement répondre n’importe quoi toutes les fois que je serai sondé. J’engage mes lectrices (lecteurs) à faire de même. Je trouve insupportable cette avalanche de sondages qui imposent leurs points de vue à la société. Le mot d’ordre est : décrédibilisons.

Je pars dans quelques heures pour Orlinz, pour un concert que j’espère mémorable. Les conditions semblent réunies, même si un musicien manque à l’appelle pour cause de cassage de genou (il ne me semblait pourtant pas qu’il ait besoin de son genou pour souffler dans son biniou…)

* Olivier Blanchette (pas terrible comme citation mais je n'ai trouvé que celle-là)

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