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JAM
15 janvier 2005

Souvenirs - partie II

En mille neuf-cent quatre-vingt douze, je décide que je ne veux pas tomber n'importe où, et tant qu'à partir, autant choisir l'arme qui me paraît la plus tranquille. J'opte donc pour l'armée de l'air, et m'inscris dans une préparation militaire. En plus de choisir son arme, la préparation vous oblige à devenir sous-officier. Je ne pouvais pas dire que seule l'arme m'intéressait et que je n'avais pas envie de devenir sous-off, mais en fait, je n'avais pas le choix. Je signais.

La préparation militaire de l'armée de l'air durait à l'époque trois semaines. Quatorze jours, répartis en sept week-end et une semaine complète, sur le terrain. Pensez combien j'étais heureux d'avoir à passer mes week-end sous le drapeau. Nous logions dans un fort semi-enterré, dans la très belle forêt lorraine, que je n'ai pas eu le loisir de visiter, à mon grand regret. Le tourisme n'était pas au programme.

Le programme, c'était des cours, de l'exercice, et des manoeuvres. Nous arrivions le samedi, revêtions nos beaux habits kaki, nous regroupions et commençait le gentil calvaire. Des cours : les grades, les armes, la défense nationale, la guerre neuro-bactério-chimique, j'en passe et des meilleures. L'exercice, je ne m'en souviens plus. Il y eut sans doute du maniement d'arme mais cela ne m'a pas laissé de souvenirs particuliers. Ah si, nous n'utilisions pas le FAMAS mais un pistolet mitralleur (je crois) et les séances de tir étaient toujours d'un ennui mortel, nous passions plus de quatre-vingt pour cent de notre temps à attendre. Attendre des heures, tirer quelques balles, attendre des heures, rentrer.

Les gradés qui nous donnaient les ordres étaient presque tous des réservistes. La belle vie pour eux. Loin de bobonne, des boys corvéables à merci, l'amitié virile, j'en passe et des meilleurs. Je me rappelle d'une nuit quand, passablement énivrés, les voilà qui débarquent dans les chambrées en faisant un raffût du diable. Ils n'avaient rien trouvé de mieux que d'organiser une revue des chambres, nous tirant de notre sommeil en gueulant. Joie.

Je me rappelle aussi de la comédie pour aller fumer. Nous avions le droit à quelques pauses où les fumeurs devaient courir derrière le possesseur de la clé (une clé immense, d'un mètre de hauteur au moins, en carton peint ou un truc comme ça) vite allumer la clope, tirer des bouffées démentes, éteindre la clope, courir à nouveau jusqu'à la poubelle pour jeter le mégot. Et si nous n'allions pas assez vite, les gradés étaient mécontents et nous sermonaient. Joie.

Je me rappelle d'une manoeuvre de nuit, où nous devions garder un chemin, plongés dans un fossé. L'ennemi devait forcément passer par là. Au bout d'une heure ou deux, personne. Et ça tirait partout aux alentours. D'ennui, nous décidames que l'ennemi était là et nous aussi nous nous sommes amusés à brûler les cartouches. Nous tirions les uns sur les autres, comme des cons. C'était amusant. Cela n'a pas plu aux gradés. Nous nous sommes fait vertement réprimandés. Le gradé responsable de notre groupe a été d'une part assez énervé par notre comportement, il nous en a voulu et d'autre part vexé comme un pou, que l'ennemi ne se soit pas présenté là où il l'avait envisagé. Ne s'improvise pas stratège militaire n'importe qui.

J'ai donc passé sept week-end ainsi. A partir le samedi abattu, à revenir le dimanche soir crevé. Avant de partir pour la semaine complète, nous devions passer un examen de santé (pourquoi pas avant ? C'est le mystère) et là, patatras, je suis recâlé (je ne suis pas tout blanc là dedans) Trouvant que je ne récupérais pas assez vite, je dus passer un électro-cardiogramme. Rien, sauf que je ne récupérais pas assez vite. Ca a suffit pour me faire exclure de la préparation militaire. Je jubilais, ma ruse avait marché (pendant les exercices, je retenais mon souffle, pour éviter de récupérer trop vite) Je me voyais déjà, pas en haut de l'affiche, non, mais réformé, rentrant glorieusement chez moi, toisant mes potes qui n'aurait pas ma chance. Sauf que ça n'a pas marché. Je n'ai pas eu le droit de finir ma préparation, mais j'étais apte pour le service.
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