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JAM
29 décembre 2004

Pudeur

Oublier sa pudeur... Pas évident. Surtout quand on souffre comme moi d'une pudeur tendance pudibonderie. Mon journal a été un premier exercice pour essayer de s'en affranchir. Je ne sais pas si le mot « réussite » vient à l’esprit à l’examen du résultat. J’ai des doutes. Il fût un temps, aux débuts, où j’arrivais à m’en départir, de temps en temps et oser dire ce que j’avais envie, sans me sentir trop gêné. Puis, j’ai pris conscience que le journal était lu (j’ai déjà raconté l’histoire des dizaines de fois mais je ne m’en lasse pas) et la pudeur est revenue au galop. Je me suis donc enfermé. Retour à la case départ ou presque. D’où ma lumineuse idée de ne parler que de l’anecdotique, sans jamais aborder de sujets pouvant mettre à mal un tant soit peu, cette pudeur, qui ne m’est pas chère, loin de là, mais plutôt oppressante, liberticide. J’en rajoute un peu, c’est bon pour la dramatique.

 

Soit, il m’arrivait de temps en temps de sortir des sentiers battus, souvent sous l’influence de l’alcool, il faut bien l’avouer, mais là aussi, j’ai trouvé la parade depuis longtemps : je ne me relis pas. Comme ça, j’ai l’excuse de l’ignorance pour nier avec conviction avoir jamais franchi les barrières de ma pudeur. J’assouvissais mon besoin (B) d’écriture (que souvent déjà j’ai mentionné mais là aussi, je ne me lasse pas de le répéter, inlassablement) en ne prenant aucun risque. Tout allait bien.

 

Quelques alertes ponctuelles, sans conséquence notable, altérèrent de temps en temps, ce statu quo. Des incidents sans importance mais désagréables (du genre révélation de l’identité ou découverte du journal par un proche) On s’en remet vite, je m’en suis remis.

 

Puis, est venu le moment où cette situation ne m’a plus convenu. C’est récent. J’ai décidé que je n’avais aucune raison de laisser cette pudeur encombrante me dicter ma conduite et donc d’essayer d’insuffler plus d’intimité dans mes écrits, que je me mette à nu. Quelques entrées prometteuses sont venues récompenser mes efforts. Quelques rares entrées. Car je l’admets, ce n’est pas encore ça. Loin de là. D’un côté la volonté de se découvrir, de l’autre, les regards des lectrices (et aussi des lecteurs) les habitudes tenaces, les peurs irrationnelles. Me voilà obligé de combattre contre moi-même. Je n’aime pas ça. D’ailleurs, je n’aime me battre contre personne. A la limite, c’est encore moi que je préfère combattre plutôt qu’un autre. Au moins je connais mes limites et je saurai me préserver. Trop peut-être. J’ai la désagréable habitude (encore une habitude) d’avoir énormément d’indulgence pour ma petite personne. C’est ainsi. Cela ne veut pas dire que cela ne peut pas changer, n’est ce pas ? On s’y emploie, on s’y emploie… Je réclame du temps.

 

Ne pas se battre non plus sur tous les fronts, ce ne serait pas raisonnable. Car j’ai aussi décidé, il y a quelques temps, d’arriver à apprendre à exprimer mes sentiments. Bon, les deux sont liés, le front n’est pas si large que ça. Car sans pudeur, qu’est ce qui m’empêcherait d’exprimer mes sentiments ? Ah oui, je sais : je ne sais pas exprimer mes sentiments. Il me manque les mots, les gestes, les attitudes. Je ressens et rien ne sort de moi. Merde, en plus d’une carapace extérieure, j’en ai également une interne, qui coupe tous mes désirs d’expressions. Heureusement, une carapace se perce. Les mots s’apprennent, les gestes et les attitudes aussi. Apprendre et digérer. Car je ne veux pas jouer les sentiments, je veux les exprimer profondément et sincèrement (exprimer, car je ressens, je n’ai pas toutes les tares tout de même) Du boulot. Encore du boulot. Le jeu en vaut la chandelle.

 

Où voulais-je en venir au fait ? Ah oui ! Je sais. Il est des événements qui parfois vous font vous rendre compte que même si vous avez décidé de quelque chose, ce n’est pas pour autant que vous l’obtenez immédiatement. Ce n’est pas parce que j’ai décidé de combattre ma pudeur que celle-ci est vaincue. Elle a la peau dure, la charogne.

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Commentaires
M
Non, non, ça va. Je laisse faire, ça vient tout seul.
S
T'es pas fatigué à cogiter comme ça pour "t'améliorer" ? mdr... Heureusement que tu bois pour te reposer...
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