L'esclave volonté des rouges prairies
Le
titre de l'entrée a un sens caché, mais pas celui que vous croirez.
D'ailleurs, vous ne croirez rien, vous vous en ficherez. De temps en
temps, il m'arrive d'avoir des idées à propos de ce journal. Des idées
que je cogite superficiellement, que j'essaye de mettre en place en
assurant mes lectrices aussi bien que moi-même qu'elles engendreront
des changements durables. Je m'aperçois qu'il n'en est rien. Soit que
je n'ai rien trouvé encore qui me satisfasse pleinement, soit que je
n'aime pas les habitudes dans l'écriture. Je me rappelle qu'à une
certaine époque, il y a deux ans je crois, j'avais eu l'idée de donner
pour titre à chacune de mes entrées, une locution latine. J'avais tenu
un mois, peut-être deux. A une époque encore plus lointaine, il y a
presque quatre ans, j'avais décidé que quotidiennement j'indiquerai le
nombre total de visiteurs ayant atteint mon site, je ne tenais pas plus
longtemps. Naguère, je décidais de m'astreindre à une discipline
quotidienne de l'écriture, prévoyant de toujours le faire tôt le matin,
à l'heure du réveil, à peine mon café au lait avalé, à peine deux ou
trois clopes fumées. J'ai tenu un certain temps, avant que d'autres
habitudes ne viennent entraver la bonne marche de ce système. Plus que
d'habitudes d'ailleurs, il s'agissait de contraintes, celles de ne pas
disposer d'autant de temps que je le souhaitais pour mener à bien la
rédaction de mon entrée, pour cause de travail obligatoire. Enfin, je
dois admettre que les contraintes ont bon dos, qu'elles ne sont qu'une
excuse confortable à l'érosion de la volonté que je mettais chaque
matin dans le remplissage de ma page quotidienne.
Prière que j'offre à mes lectrices :
Notre Manu qui sort du pieu,
Que tes doigts soit remerciés,
Que ton journal règne,
Que ta logorrhée soit faite, sur le net comateux,
Donne-nous aujourd'hui notre entrée quotidienne,
Pardonne-nous nos commentaires, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont commentés,
Et ne nous soumets pas à la mailing-liste,
Mais délivre-nous des fakes,
Car c'est à toi qu'appartienne, le règne, la gloire et la RDJ jusqu'à sa vente aux enchères,
Amen !
Je
l'intitule « la prière du diariste » et j'attends que vous la
disiez jour après jour, avec ferveur et recueillement. Priez pour moi,
pauvres lecteurs.
Tiens, un petit article amusant : http://www.cybersciences.com/Cyber/3.0/N1300.asp
Me voilà fort spirituel de si bon matin.
Dans « Briser la dictature du temps » de Bruno Jarronsson,
il y a un test qui permet de connaître quelle conception nous avons du
temps. Bien sûr, je m'y suis soumis curieux que j'étais de savoir si
j'étais plutôt opportuniste ou instantanéiste, projecteur ou
programmateur. Il apparaît d'une part que je suis plutôt équilibré,
dans le sens où mes résultats s'inscrivent dans le centre de la cible
(qui représente la moyenne de la population, sauf que le test ne nous
apprend rien de la manière dont a été calculée cette moyenne) avec une
légère tendance à l'instantanéisme, ce mot que le correcteur
orthographique de mon traitement de texte ne connaît pas ? Je
cite : « ceux qui sont
dans la mesure du temps et le présent sont instantanéistes. Le temps
est instant plutôt que moment. Des positivistes en quelques sortes, des
anti-idéalistes » j'ouvre la parenthèse d'où mes démêlés
passés avec un certain idéaliste
je ferme la parenthèse.
« Seul existe ce qui se voit, ce qui se mesure. L'avenir c'est
vague, ça n'existe pas vraiment. Le contenu du temps, cela ne se mesure
pas. Les instantanéistes sont des acteurs a priori solides et le
savent. Ils se croient pragmatiques. Ils ont quelques raisons de croire
qu'ils sont plus raisonnables que les autres. Ils ont les pieds sur
terre. Mais ils sont facilement surpris par les changements, ce qui
peut les amener à les refuser. (« Vouloir arrêter le changement,
c'est comme vouloir arrêter de respirer, à la longue, on en
meurt. ») Ces instantanéistes ont du mal à reconnaître que
l'utopie mène le monde et qu'il existe une réalité au-delà de ce qui se
mesure. S'ils le reconnaissent, ils ne parviennent pas à intégrer cette
idée dans leur comportement. Ils ont imposé dans le management cet
aphorisme : « Ce qui ne se mesure pas, ne progresse
pas. » Aphorisme peut-être marqué au coin du bon sens mais aussi
limitatif et plutôt inexact, un enfant qu'on ne mesure pas grandit
quand même. Ces instantanéistes ne pratiquent pas l'utopie. Pourtant,
nous verrons plus tard que l'utopie mine le cur de leur réalité et
qu'ils ne sont pas aussi pragmatiques qu'ils pensent. »
Ouf. Me voilà prévenu.