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JAM
18 décembre 2004

Auto-critique et flagellation

Dieu sait si habituellement je suis fin et spirituel. Curieusement, quand je bois, ce n'est plus vrai. Je deviens lourd. Je ne dis pas ça tout à fait par hasard. Disons qu'hier j'ai un peu trop bu et le processus de la balourdise s'est enclenché tout naturellement. Comment se manifeste-t-elle ? D'abord, l'impression de ne tenir que des propos dignes d'intérêt et profondément importants, alors que sous l'éclairage de la sobriété retrouvée, je dois bien admettre que c'est loin d'être le cas (ceci dit, il se peut qu'au cours de la soirée, un ou deux propos pertinents m'échappent, c'est un accident) Ensuite, j'ai l'agaçante manie de m'adresser à mes interlocuteurs comme s'il s'agissait de débiles, incapable de comprendre la portée profonde de mes paroles. En plus je répète la même chose X fois, alors qu'une fois est déjà trop. Je répète, je radote, sans jamais me lasser, espérant que la réitération ralliera mon auditoire à ma cause. Là aussi, je dois dire que l'oeil clair et net du lendemain me crie que, ayant bu, la meilleure chose que j'aurais à faire, c'est me taire et m'enfoncer dans un mutisme salvateur pour tout le monde. Quel dommage que ma clairvoyance s'arrête avec l'alcool coulant dans mes veines, quel profit pour moi se serait de m'en souvenir.

Pour tout ça, flagellez-moi. Que la conduite à tenir s'inscrive en sillons sanglants dans ma peau.

Décidément, ce n'était pas glorieux hier, car en plus de ma propension décrite dans le premier paragraphe, je m'étais mis dans l'idée de faire partager mon enthousiasme pour le livre que je lis actuellement (Heureux, ce n'est pas nécessairement confortable) Deux constats : un, je ne suis pas vendeur. Deux, avant d'essayer de faire partager l'enthousiasme pour une chose, il est indispensable de maîtriser cette chose. Or, ce n'était pas le cas. Je n'avais pas assimilé encore la teneur du livre, je ne l'avais pas encore fait mien. Résultat, de pathétiques tentatives pour raconter ce que m'avait inspiré la lecture, employant pour cela, très maladroitement, des mots mal retenus, des images mal digérées, des concepts non maîtrisés, ne parvenant qu'à l'objectif inverse que je m'étais inconsciemment fixe, à savoir dégoûter plutôt que passionner.

Enfin, cela arrive. Heureusement c'est rare. Mais flagellez-moi encore que je retienne la leçon, pour de bon.

Malgré le spectacle peu glorieux donné par moi hier, je retiens de la soirée la rencontre entre Camille et mon frère. Je suis heureux d'avoir présenté l'un à l'autre, comme je suis heureux de rencontrer les proches de Camille. Je trouve que ce sont des moments importants. Je sais mal dire ce que cela m'inspire, rompu que je suis à parler de mon avocat ou de ma crise de goutte. L'exercice est beaucoup plus délicat pour moi. J'y vais par petites touches, osant à peine mentionner des noms ou des personnes, avec l'impression d'une mise à nue bien plus présente que quand, par exemple, j'affiche la photo de mon postérieur admirable dans mon journal. J'ai le sentiment de violer ma vie privée et plus encore celle des personnes que je mentionne. Au point que je ne serais pas étonné d'effacer ce paragraphe après quelques temps ou même de ne le pas publier. Non, je vais le mettre en ligne avec le reste de l'article, j'ai plus encore besoin de partage que de conservation de ma vie privée. Mais par petites touches, toujours.

Entre anecdote et événement important, la balance penche pour la deuxième proposition bien que ce que je vais raconter tient aussi de l'anecdote. Assis à la table d'un café, j'observais mon voisin, en train de recopier le plus sérieusement du monde ce qui était écrit sur une feuille, précisant à l'aimable clientèle de ne rien poser sur les radiateurs (ou quelque chose comme ça) Intrigué bien sûr par cette activité, jamais en temps normal je n'aurais osé demander au vieux monsieur sa motivation. Je serais resté, bête, avec la question trottant dans ma tête. Et bien hier, j'ai demandé. M'excusant pour ma curiosité, j'ai demandé la raison. J'ai eu la réponse. J'étais content. Bien plus que n'aurait dû l'être pour une chose somme toute insignifiante.  C'est d'avoir osé. Signe d'une évolution que je désire. Ne plus rester enfermé dans des convenances imbéciles, ne plus écouter ma timidité mais écouter mais besoins de réponses. J'ai eu droit à l'en revoir du vieux monsieur, cela m'a fait un plaisir immense.

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Commentaires
M
Théo> Le vieux monsieur recopiait l'affichette car celle-ci était rédigée en plusieurs langues et qu'il est passionné de langues. Ouala. Suffisait de demander.<br /> <br /> Pralinette> Et oui, la vie n'est pas un long fleuve tranquille...
P
Ben voià, si t'as envie et besoin de partager tes mots, ne pas te retenir c'est le mieux ! Et moi je lis et j'aime bien car des fois tu me fais rire (mais ça tu le sais déjà), et puis des fois c'est moins marrant, c'est la vie quoi ! :)<br />
T
Et qu'est-ce qu'il recopiait, le vieux Monsieur ? (yeah, j'ai réussi à surmonter ma timidité et à demander à Manu ce que faisait le vieux Monsieur).
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