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Eh voilà, une nouvelle année – scolaire – qui commence. La journée de la prérentrée est passée, apportant son lot de surprises. Euh, non. Pas de surprise en réalité, si ce n’est le temps, au beau fixe et la température, élevée. Je me suis rendu au boulot de bon matin, ai retrouvé avec plaisir certains collègues, d’autres avec beaucoup moins (de plaisir) J’ai goûté l’humour du proviseur (m’accueillant avec un « vous êtes encore là, vous ? » excessivement drôle. Premières clopes en salle fumeur avant de me diriger à la cantine où se déroule le pot d’accueil et la réunion qui s’ensuit. Avec mes collègues, nous passons tout notre temps à essayer de semer la purge qui, selon sa bonne vieille habitude, joue l’aimant et essaie à maintes reprises de se coller à nos basques. Nous avons beau tester plusieurs tactiques, nous rassemblant, nous séparant, rien à faire, elle revient à la charge. Je suis le plus visé puisqu’elle doit me remplacer et j’ai un gros boulot à faire pour me débarrasser d’elle. A l’heure de la réunion, alors qu’elle s’est incrustée dans une conversation entre monsieur G (mon collègue de discipline) et moi, je profite qu’elle soit en train d’approuver niaisement monsieur G à propos de quelque chose qu’elle n’a pas pu comprendre (puisqu’elle est arrivée en cours de conversation) pour me défiler intelligemment et me précipiter ensuite sur une place entre deux autres collègues. Je suis sauvé, je n’aurai pas à la supporter toute la matinée. Je devrais faire devin. Le proviseur a exactement suivi le schéma que j’avais prévu, louvoyant entre auto satisfaction et compliments de toutes sortes (il a même dit : « on est les meilleurs » ; il a ajouté : « faites le savoir » ; voilà, tu es au courant maintenant Ô, lectrice adorée) commentant avec complaisance les résultats extraordinaires que nous avons eu aux examens (c’est vrai qu’ils ne sont pas dégueulasses) Je me demande pourquoi, puisque nous sommes aussi extraordinaires, est-ce que cela ne se répercute pas sur nos bulletins de salaires ? Je n’ai pas de réponse. Il se lance aussi dans une critique presque virulente contre la circulaire de rentrée et il n’a pas tort. Je n’ai pas tout suivi mais désormais, l’éducation est sous le joug de la gestion financière (bien que cela ne soit sûrement pas nouveau, c’est de plus en plus vrai) C’est tout comme si la transmission de savoirs passait au second plan. On nous demande aussi de créer de nouvelles commissions, des commissions de ceci, des commissions de cela… Autant de travail en plus, non rémunéré bien sûr. Déception, il n’y a presque pas de nouvelles collègues et leur âge ne rentre pas dans la fourchette d’âge qui m’intéresse (fourchette aux limites assez vagues en l’occurrence) Entre une ou deux jeunettes à peine sorties du berceau de l’IUFM et une vieille peau (appellation un peu méchante, elle est sûrement très gentille cette dame) le néant. Cette année n’est pas un bon cru à ce niveau là. Bonne surprise, mon emploi du temps est exactement celui que nous avions bâti au mois de juin. Il me convient donc parfaitement. A moi les week-ends de quatre jours, dès que je reprendrai les cours. La matinée s’écoule, plutôt lentement, mais l’heure de la délivrance finit par sonner. Je m’échappe très rapidement, histoire de ne pas laisser le temps à la purge de me coller aux basques, glissant au passage à monsieur S que je les retrouverai un peu plus tard. J’en profite pour aller à ma salle, où je récupère quelques cours que je n’ai absolument pas envie de me voir piquer par la purge, je mets en évidence sur la table le travail qu’elle aura à faire faire aux élèves (ce n’est pas pour elle que je le laisse, mais pour mes élèves, car je les récupèrerai en janvier) Puis, avec messieurs S, M et C, nous allons déjeuner en terrasse et profitons du beau temps. La purge a été un instant tentée de nous suivre (elle était toujours là) mais nous n’avons pas fait mine de l’inviter. Cela peut paraître méchant vu de l’extérieur, mais elle est trop nuisible, elle a trop fait de dégâts avec les élèves, elle dispose vraisemblablement de trop d’appuis haut placés pour que nous nous sentions coupables de nos agissements (sa nomination à ce poste d’abord, le fait qu’elle soit encore présente ensuite, relèvent du miracle ou d’un piston énorme – et même la manière dont elle a eu ses examens est suspecte) En plus, je m’inquiète personnellement pour les années à venir. Le fait qu’elle me remplace signifie qu’elle s’intéresse à la matière que j’enseigne (pas la matière, mais le niveau des élèves) et je gage qu’elle a décidé de faire son trou dans la discipline. Etant donné que je n’ai aucun piston, je ne serai pas de taille à lutter contre ses manigances. J’espère que je me trompe. L’après-midi, je retourne quelques temps au boulot, le temps de régler certains détails et de dire au revoir. Bien sûr, la purge me rattrape (elle m’aura bien gâché la journée) Je lui explique donc ce qu’elle va devoir faire (cela dit, je trouve tout à fait normal de lui transmettre les consignes) Je lui expose donc en détail le programme qu’elle doit suivre. Comme à son habitude, elle me répond « oui… ah oui ! … exact » Tout à fait comme si elle était au courant et qu’elle comprenait parfaitement ce que je lui disais. Pour rire, je lui demande, à un moment où elle me dit « ah oui, exact » : « ah, tu connais, ce n’est pas la peine que je t’explique alors ? ». Elle bafouille un peu, s’excuse, et finit par me dire que non mais qu’elle ne fait que ponctuer la conversation. Je rigole intérieurement. Enfin bref, je lui dresse le topo des activités, sachant pertinemment qu’elle ne connaît aucune de ces activités (ce n’est pas de sa faute, elle n’a jamais appris les techniques qu’elles requièrent) Elle me remercie. Elle arrive à faire bonne figure (elle est forte pour cela) comme si tout ce que je lui avais dit n’était pas grand-chose (alors qu’en réalité, le programme est infernal pour n’importe quel prof, même pourvu d’une grande expérience) je lui souhaite bonne chance (je suis gentil parfois) et me casse. De retour chez moi. Je me repose un peu quand madame S m’appelle. Je lui avais promis de l’aider pour son déménagement et elle se rappelle à mon souvenir. J’y vais, aide son mec à transporter les objets les plus encombrants dans un escalier raide et étroit, sue à grosses gouttes et me casse le dos. Une ou deux heures d’efforts plus tard, madame S me raccompagne chez moi. Je me repose un peu, avant d’aller en répétition. Nous devions essayer un nouveau local et je dois à nouveau déplacer du matériel lourd. Je me recasse un peu le dos. Nous répétons dans ce local un peu impersonnel, immense et plutôt bruyant. Je ne suis pas vraiment convaincu (pas du tout même) mais devons tenir compte des avantages avant de prendre notre décision. Nous remballons le matériel, le ramenons, je me casse encore le dos et fini par rentrer chez moi. Je me couche, vanné.

Comments

[Stefany]

C' est génial! Moi j' ai toujours raconté ma vie de lycéenne, mais se placer dans la peau d' un prof si je puis dire, c' est tout à fait innovant et génial! J' adoree je vais lire tous le blog! Bon je le met dans mes favoris! Parce-que j' ai une dissert de philo pour demain! En plus le prof est magnifiquement attirant, alors je veux faire ça bien! Mdr! Bon il est tout tout jeune il sort tout juste de l' école! ça fait rêver... bref!

[Manu]

Lili> Septembre signifie surtout 10 mois de boulot à venir (pour moi) Mais c'est vrai, c'est un renouveau.

Armoni> J'ai bien compté, il me reste environ 32 rentrées scolaires à effectuer (sauf qu'ils risquent de me virer avant que j'aie 69 ans) Si j'ai encore le courage d'écrire d'ici là, ça va faire pas mal d'entrées sur le sujet !

Bri> Mon dos va bien en ce moment.

Vénus> Je veux bien répondre, mais par email.

Mot à mot> Je veux bien répondre, mais par email.

[mot a mot]

C'est exactement la question de Venus que je voulais poser... Bon courage en tout cas!

[Vénus]

Mais tu enseignes quelle(s) matière(s), Manu, si ce n'est pas indiscret ?!

[Bri]

Et moi qui voulait prendre des nouvelles de ton dos!;)

BJ