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JAM
2 août 2005

Critique musicale

Je suis l'heureux détenteurs de deux versions des suites pour violoncelle de Johann Sebastian Bach, la première exécutée par Mstislav Rostropovitch, la seconde, recommandée l'année dernière par Sacha (que je ne linke pas car deux jours de suite, ce serait du vice) par Paul Tortelier. Malgré mes pitoyables connaissances musicales, j'ai décidé d'en faire l'étude comparative. La lectrice bienveillante et mélomane me pardonnera mon audace et excusera la candeur de mes observations.

En préambule, je dois indiquer que j'aime les deux versions et que si je les écoute à deux heures d'intervalle, je ne note aucune différence (ceci pour situer la médiocrité de mon oreille) En outre, les suites pour violoncelle restent l'une de mes oeuvres préférées (ma préférée restant les concertos pour violon de Paganini, j'ai hélas perdu mon CD)  Enfin, j'ai décidé de restreindre mon étude comparative au prélude de la première suite.

Première constatatation : Mstislav a un train à prendre. Sa version dure deux minutes, tandis que celle de Paul dure deux minutes trente. A écouter les deux à la suite l'une de l'autre, j'ai l'impression que le premier est pressé d'en finir et que le deuxième se traîne, comme si le tempo idéal se situait entre les deux. Le son ensuite. Le son du violoncelle de Mstislav est plus grave que celui de Paul, il a plus de profondeur et en même temps, il a plus de rudesse (mais ça, c'est aussi à la manière de jouer qu'il le doit) Je préfère le son Mstislav au son Paul. Je crois que Paul y aurait gagné à jouer un peu plus rapidement et un peu plus agressivement. Car la manière de jouer elle-même est différente.

Tandis que Paul joue tout en rondeur, Mstislav rudoie les cordes de son violoncelle avec son archet, les amplitudes de son sont plus importantes, le son est rugueux parfois (il est bon de rappeler que je n'y connais rien, à me lire on pourrait presque croire le contraire) De même que je préfère le son Mstislav, je préfère également sa manière de jouer, plus énergique.

Je me suis intéressé au « groove » (la lectrice avertie et mélomane me pardonnera ce terme rarement employé en musique classique) D'après ce que j'avais lu de Bach (pas grand chose) j'avais cru comprendre que sa musique était très régulière, métronomique. A l'écoute, Mstislav reste fidèle à la rigueur (il joue plus sur la variation de l'amplitude des sons) Paul, lui, prend beaucoup de liberté avec le tempo en s'écartant volontiers du binaire, son jeu s'apparentant parfois à un shuffle (cherchez vous-même la signification, j'en ai marre de vous mâcher le travail) Il a de l'audace le Paulo ! Un peu trop à mon goût, le résultat flirtant avec la caricature. Sans compter que bonjour le respect pour l'auteur. Si ce que j'ai lu de lui est vrai, il doit se retourner dans sa tombe.

Résultat de mon analyse : je préfère la version Rostropovitch à la version Tortelier. Sur tous les points examinés, ma préférence est allée à Mstislav. Cela dit, la version du Paulo n'est pas dégueu non plus. Il faudra que je trouve d'autres versions (ce n'est pas ce qui doit manquer) afin de mettre à jour mon étude comparative. Si vous avez des noms à me proposer, n'hésitez-pas (faites-moi grâce de la version Dédé Rieu, vous me ferez plaisir)

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Commentaires
M
Hirek> Merci, je sais quelle version je vais acheter.<br /> <br /> Sacha> Oui, grillée. Mais tu m'avais déjà proposé Casals l'année dernière (j'avais oublié son nom)
S
Zut, grillée par Hirek ! <br /> Bon, essaie Casals en fait.
S
Si tu aimes les archets vigoureux, essaie Pablo Casals. <br /> Sinon tu as Anner Bylsma ou Yo Yo Ma...
H
Putain ! Pour quelqu'un qui prétend avoir de "pitoyables connaissances en musique", voilà un texte bien senti sur une des plus belles partitions de l'humanité ... Je ne connais pas la version de Tortelier mais j'ai souvent entendu des critiques qui se rapprochent de la tienne. Et puis vas-y avec Shuffle et groove, il n'y a pas de règle pour parler musique (ceux qui te diront le contraire sont de vieux universitaires séchés). Et "les connaissances", on s'en bat les bollocks. Pour moi la plus belle version c'est celle de Pablo Casals ... Il connait à ce point les moindres recoins de la partition qu'il est capable d'en faire chanter le plus petit des soupirs. Il y a beaucoup d'air, c'est très "pneumatique", on respire doucement dans la musique. On flotte doucement là ou Rostro marche gaiement. Grandiose !<br /> <br /> *Hirek, lectrice bienveillante et mélomane
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