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JAM
24 juillet 2005

Le lecteur tuera les blogs

Critiquer un blog, c'est s'attirer les foudres d'un lectorat vigilant et protecteur. Au nom de la tolérance, il veille à ce qu'aucun propos négatif ne vienne ternir l'image de son champion. L'arsenal de ses commentaires est au demeurant assez limité. Il y a le conseil, « si tu n'aimes pas ne lis pas », le comparatif, « tu as vu comme ton journal est nul » les insultes diverses et variées. Et c'est tout. A de rares exceptions près, l'auteur du blog est rarement aussi vindicatif que son lectorat. Il se contente en général de relever la critique, d'émettre un ou deux arguments justificateurs, mais le plus souvent, il ignore purement et simplement la critique.

En réalité, je ne crois pas que le lecteur qui défend une entrée ou un blog le défendre réellement. Je crois qu'il se défend lui-même. Son raisonnement, selon moi, est le suivant : « je lis un blog que j'aime, quelqu'un le critique. En fait, ce sont mes goûts qui sont critiqués et je le prends comme une attaque personnelle. Donc, je me défends car je ne laisse personne jeter le discrédit sur ce que j'aime. »

Que la critique soit justifiée ou non n'a aucune importance. En général, le lecteur ne cherchera même pas à la comprendre. Il ne verra que l'attaque, qu'il reprendra à son compte et partira de ce fait en guerre contre l'immonde individu responsable de ce crime.

Je dois mesurer les propos des paragraphes précédents en introduisant une restriction de taille : je ne veux pas parler de tous les lecteurs mais de ceux, prompts à la détente, qui réagissent au quart de tours et viennent pourrir les commentaires ou les boîtes mails des critiques.

Grand amateur de polémique, il m'arrive d'avoir ce comportement, de me lancer dans la bataille la fleur au fusil, assoiffé de sang et affamé de tripes. Je m'imprègne de l'idée fausse que l'attaque me vise pour assouvir mes besoins. Je me fiche de savoir si j'ai le droit pour moi, si un motif valable justifie mes interventions, si j'ai tort ou raison. Seul le plaisir des mots compte. Les trois-quarts du temps, je suis déçu. Quand les mots se résument à une suite d'insultes, quand l'adversaire est incapable du moindre raisonnement, du moindre argument, le combat est vain et me laisse sur ma faim. Par contre, de temps en temps, le débat prend une tournure intéressante et dans ce cas, je me dis que je ne suis pas intervenu pour rien.

Il y a moins de risque à critiquer un livre. D'autant plus que celle-ci est positive. J'en étais à la lecture de « Globalia » de Jean-Christophe Ruffin,  j'en suis toujours-là d'ailleurs car je lis très lentement ces derniers temps. Pour le premier livre d'anticipation de cet excellent auteur (dont j'ai déjà lu « L'Abyssin » et « Rouge Brésil ») je ne suis pas déçu du tout. Bien que je n'excelle pas dans l'exercice, je vais tenter de résumer le livre. L'action se passe dans un futur plus ou moins éloigné. La Terre est devenue une démocratie totale. Les hommes vivent dans des zones protégées sous d'immenses verrières où le climat est maîtrisé. La société est vieillissante, les jeunes ne sont plus à l'honneur. Au contraire, ils sont plutôt mal vus car seuls ceux qui ont subi de multiples opérations de chirurgie esthétique et réparatrice sont considérés comme accomplis. Nul ne meure de faim et chacun est libre de travailler ou non. Tout semble parfait mais ce n'est qu'une façade. Des actions terroristes ont régulièrement lieu. Les terroristes viennent des zones de non-droit, en dehors des verrières, théoriquement dépeuplées (discours de la propagande) mais en fait habitées par la multitude des laissés pour compte de la démocratie.  Au fil des pages, les travers de la société apparaissent, toujours plus nombreux. La censure : pour ne blesser personne chacun doit y mettre du sien pour tenir un discours consensuel et politiquement correct. L'existence d'un organisme de surveillance, chargé d'empêcher quiconque de remettre en cause le bien-fondé de la démocratie, de mater les déviants, de museler l'information et d'organiser la peur. Car la peur est indispensable pour la survie de la société, c'est elle qui fait se sentir vivre les gens, qui les regroupe. Pour cela, l'organisme monte de toute pièce des attentats, invente des ennemis... Bon, j'arrête là mon résumé. Comme je le disais, je ne suis pas doué pour l'exercice et je m'en voudrais de desservir un livre remarquable. Je ne peux que le conseiller, pour le plaisir de la lecture et la réflexion sur la démocratie, la tolérance et leurs limites.

Vu un film dans la veine de « Spinnal Tap » en moins délirant mais très bien tout de même : « Still crazy » Il raconte l'histoire d'un groupe de rock qui se reforme, vingt ans après s'être séparé. Très plaisant.

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Commentaires
M
Tatou> C'est ce qu'on appelle une métaphore je crois. Je pensais que tout le monde l'aurait compris. A la lecture de ton commentaire, je dois bien admettre que je me trompais.
T
Se battre pour le plaisir du sang.<br /> <br /> Répugnant.
B
Manu je dois être bon bailleur, si on es deux à le faire. Ça passera. J'ai brisé le silence du lecteur. oulà.
M
Bixtoum> Oui, ça me le fait à moi aussi.
B
Baillement
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