* Michel Rocard
J’ai tenté de regarder « la guerre des étoiles » mais vingt et une heures trente, je dormais. Décidément, autant j’aime lire de la science-fiction, autant les films me laissent de marbre.
J’avais ma grand-mère au téléphone hier et elle me demandait pour qui voter dimanche, comme elle le fait d’habitude. Elle part du principe qu’elle est trop âgée pour que les conséquences d’un vote la préoccupent, elle a donc pris l’habitude de nous demander notre avis, afin que son vote nous serve. Je ne pense pas que nous votons tous la même chose dans la famille mais je suppose qu’elle fait sa petite cuisine après avoir pris l’opinion de chacun pour prendre sa décision finale. Je lui ai proposé de voter oui.
A noter un argument d’une de ses connaissances en faveur du non : le oui permettrait à la Turquie d’entrer dans l’union européenne. Je ne savais pas que la question du référendum se formulait ainsi : La Turquie doit-elle entrer dans l’union européenne ? De plus, je ne sais pas ce que l’on reproche aux Turcs pour que leur entrée dans l’union soit un sujet si sensible.
Ce référendum grand-guignolesque donne l’impression que les Français s’intéressent à la politique. Je me demande bien pourquoi il suscite un tel intérêt, surtout si je considère l’avis général qui affirme que de toute manière, un oui ou un non ne changera rien. Je peux comprendre le temps perdu à polémiquer sur un sujet sans conséquences, étant moi-même friand de cette occupation, mais il ne m’avait jamais semblé que mes concitoyens partageaient cet engouement. L’effervescence est maximale, des tracts circulent, des discussions sans fin s’engagent et pourtant, aucune issue ne s’en dégage. Le statu quo s’est installé. Je propose donc à mes lecteurs de voter oui.
Je trouve curieux de la part du parti socialiste de sortir Lionel Jospin du carton dans lequel il était rangé et où il prenait la poussière depuis qu’il s’était rangé de la vie politique pour en faire un champion du oui. Si ma mémoire est bonne, sa retraite était la conclusion d’une raclée monumentale aux dernières présidentielles. Se serait-il soudainement transformé en gagnant (winner) ? A moins que le P.S. ne compte sur la sympathie que les perdants attirent suite à des défaites cuisantes.
Voilà, moi aussi j’ai apporté ma pierre aux discussions sur le référendum. Votez-oui et n’y revenez pas.
La journée d’hier a été marquée par le renvoi d’un de mes élève de l’entreprise dans laquelle il effectuait un stage (raisons douteuses) J’ai passé une heure à arrondir les angles avec l’entreprise et à remotiver l’élève. Il a été rembauché mais j’ai dû m’engager auprès du patron et je ne suis pas certain d’avoir bien fait, ayant des doutes sur la motivation de mon élève. J’ai bien essayé de lui faire comprendre que nous avions besoin des entreprises et que je comptais sur lui pour que tout se passe bien mais je crains n’avoir pas réussi à le convaincre.
L’autorisation d’absence que j’avais demandée m’a été retournée avec la mention « à préciser » à côté de mon motif « convenance personnelle » J’apprécie moyennement car c’est vraiment ne pas faire confiance aux gens. A moins que cela ne soit une manifestation du pouvoir qu’un proviseur détient sur les enseignants. J’hésitais sur les suites, j’ai décidé de la jouer lâche. Je vais lui donner le motif, je suis trop fatigué pour rentrer en conflit contre lui. Pourtant, j’ai l’appui des syndicats et je sais qu’en choisissant l’affrontement j’étais sûr de gagner mais je n’ai aucune envie de donner de mon temps et de mon énergie pour cela. Je lui laisse donc la satisfaction d’avoir fait plier l’un de ses profs et d’avoir démontré sa toute puissance.
Un référendum c'est une excitation nationale où on met tout dans le pot. On pose une question, les gens s'en posent d'autres et viennent voter en fonction de raisons qui n'ont plus rien à voir avec la question. *