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JAM
25 décembre 2004

J'ai envie d'aller à la messe

L'envie m'a titillé d'aller à la messe. Des années que, hormis quelques occasions exceptionnelles, je n'y suis plus allé. Des années aussi que, régulièrement, l'envie me prend d'y retourner. Pourtant, je n'y vais pas. Hier, je sais pourquoi je n'ai pas cédé à la tentation. Il me déplaisait de penser que si je m'étais écouté, j'aurais rejoint le troupeau des croyants de circonstances, qui ne se déplacent à l'église que pour les grandes occasions, Noël ou Pâques, ce qui a toujours été pour moi le signe d'une hypocrisie méprisable. Donc bien sûr, puisque je pensais ça, il m'était impossible d'agir de même. Je ne voudrais tout de même pas passer pour un hypocrite méprisable. Reste à savoir pourquoi je considérais ça comme de l'hypocrisie. Disons qu'il me semblait que ces gens qui désertaient habituellement les travées des églises, se sentaient soudainement obligés d'aller assister à une cérémonie dont au fond ils se foutent, que leur motivation tirait sa source dans leurs souvenirs d'enfance, quand la messe était obligatoire, quand il aurait été inimaginable de penser un instant qu'ils ne puissent pas y aller. Donc, ce n'est plus pour eux un moment de joie, de réflexion, de méditation, mais une contrainte, un détour obligatoire avant le gavage, lui aussi obligatoire.

 

C'est ce que je pensais avant, quand je me sentais fort de refuser de participer à ces simagrées en n'allant pas aux messes de Noël. Je me sentais en accord avec moi-même, puisque je n'allais pas à la messe chaque dimanche, il n'y avait aucune raison que j'y aille ce jour particulièrement. J'ai vécu ça très bien depuis des années. Je le vis toujours très bien d'ailleurs. Sauf que. Sauf que parfois, j'ai envie d'aller à la messe et que toujours je me retiens. J'ai expliqué pourquoi il était inconcevable pour moi d'y aller spécialement au moment de Noël, je comprends moins pourquoi je n'y vais pas quand le désir me prend d'y aller. Il y a la paresse, se lever le dimanche matin pour aller se geler dans une église mal chauffée, n'est pas une perspective très agréable. Et même s'il ne fait pas froid, la perspective de se lever le dimanche matin pour aller écouter en compagnie du troupeau un curé vous taper sur les doigts en vous disant que vous n'êtes pas des Saints (mais qu'heureusement vous pouvez être sauvés) n'est pas plus agréable. Quoi d'autres encore ? Pas tellement d'autres arguments à apporter. Comme quoi, je n'ai pas une conduite très cohérente de ne pas satisfaire une envie parce que je n'ai pas envie de me lever.

Ce que j'aime à la messe, principalement, c'est le sermon du curé. A condition que celui-ci soit doué, qu'il ait l'art et la manière. Si ça se trouve, mon envie d'écrire vient aussi de ça. Car le curé a préparé son sermon, il l'écrit à la manière d'un journal, messe après messe, en pensant à ses lecteurs (ses auditeurs plutôt) Ce n'est pas sa vie qu'il raconte mais celle du troupeau sous l'œil de Dieu, dénonçant ses erreurs et applaudissant ses réussites, forçant son auditoire à méditer sur sa conduite passée et à venir. Quand j'en écoute un, je rentre dedans, comme dans l'entrée réussie d'un diariste en verve (rare par les temps qui courent) J'aime ce moment de bravoure. J'aime aussi les chants, que je trouve beaux parfois ou qui me font rire s'ils sont mal chantés (très fréquemment) Je m'amuse du signe de paix, invention relativement récente, qui nous incite à serrer la main de nos voisins et à les regarder avec un amour infini, ce sont nos frères, et provoque en moi une énorme envie de les serrer dans mes bras (alors que l'instant d'avant j'étais mort de rire à cause de sa manière de chanter) Je ne dis jamais « la paix du Christ » comme le voudrait le curé, je dis « Salut » mais quand même, j'aime bien ce moment. Sinon, le reste m'ennuie un peu. Et pas moyen de se concentrer sur sa méditation, le curé n'arrête pas de parler, de nous faire lever, de nous faire asseoir (il ne sait jamais ce qu'il veut, il change toujours d'avis, assis, debout, assis …) J'aime bien l'atmosphère qui règne au sein du troupeau (dont je fais partie) Elle donne vraiment l'impression que les gens sont apaisés, qu'ils ont laissé de côté leurs rancœurs et leurs haines, qu'ils laissent ce qu'il y a de bon en eux s'échapper pour que les autres en profitent. Ce n'est qu'une impression sans doute, mais elle est très agréable. 

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