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JAM
20 avril 2004

Le rendez-vous était donné à dix-neuf heure. Nous

Le rendez-vous était donné à dix-neuf heure. Nous devions rencontrer les organisateurs d'un concert où nous jouerons en juin. A l'heure dîte, nous sommes partis en expédition dans un bled paumé.

Là c'est le paragraphe où, si j'avais le sens de l'observation, j'aurais décrit les lieux, un café de village. Tout ce que je me rappelle, c'est que le comptoir était étroit, pas plus de cinq personnes pouvant s'y tenir, le sol, en dalles rouges, pâtinées par le temps et inégales, formant des trous qui nous fera dire en fin de soirée que le sol était en pente - en pente mes fesses, c'est l'alcool plus les trous qui donnent cette impression, la cheminée, où flambait un feu d'enfer - j'adore les images audacieuses -, les tables de la partie restaurant, avec leurs belles nappes en papier blanc, les couverts attendant les clients et les clients - absents -, la salle où nous avions rendez-vous, une salle à manger également, avec donc sa grande table avec sa belle nappe de papier blanc mais sans les couverts parce que nous n'étions pas là pour manger mais pour discuter. Voilà tout ce dont je me rappelle des lieux. La décoration, rurale sans doute, ne m'a pas marquée à part peut être la collection de cartes postales sur le côté droit du bar quand on est client ou à gauche quand on est patron, cette inévitable collection que tous les bars de tous les villages possède et même parfois à la ville, témoignage de la fidélité de la clientèle, trop heureuse d'envoyer à son bistrot préféré le souvenir impérissable de femmes nues de tous les endroits du monde. Il y a certainement des photos de paysages magiques mais je n'ai accroché qu'à celles de femmes nues. Allez savoir pourquoi.

Dans ce bar bien sûr, il y avait des gens. Le comptoir était bondé puisque cinq personnes étaient en train de picoler. Un vieillard chenu (j'aime bien ce mot) tout vouté, tout ridé, le béret vissé sur la tête, la canne en main, affalé sur un tabouret comme n'importe quelle entraîneuse de bar à militaires sauf que là, c'était moins appétissant. Finalement non, exactement comme un entraîneuse de bar à militaire car elles ne sont pas toujours très appétissantes elles non plus. Je ne me rappelle plus ce qu'il buvait le papy mais par contre, je me rappelle qu'il cadrait très bien avec les lieux, il se fondait dans le paysage, tel un caméléon (je vous ai déjà parlé de mon amour pour les images audacieuses ?) et je n'ai pas été surpris de le voir là. A côté le patron de l'autre bistrot du village. Il n'était pas là parce que c'est son jour de fermeture et que donc pour picoler il doit aller à la concurrence mais parce que c'est le co-organisateur du concert. Peut être qu'il était aussi là pour picoler mais là, c'est une pure hypothèse. Un jeune donc, avec un maillot de foot (je crois) comme c'est sans doute à la mode dans nos campagnes comme dans nos quartiers défavorisés sauf que dans nos quartiers défavorisés les équipes ne sont pas les mêmes sauf si c'est Paris ou Marseille car j'ai remarqué qu'en matière de maillot de foot, Paris et Marseille étaient souvent présentes. Pareil, je n'ai pas fait attention à l'équipe qu'il arborait sur son tee-shirt parce que franchement le foot, hein ? Les deux autres personnes étaient les DJ de la soirée concert car pas un concert de village sans DJ, c'est bien connu. Des DJ de la première heure, la quarantaine, pas de ces DJ actuels que je ne connais pas et que je n'ai pas envie de connaître tant ils ne sont pas intéressant. Là c'était des piliers indéboulonnables du mix, des anciens piliers indéboulonnables de la radio libre (mais finalement déboulonnés parce que les radios libres ont été éradiquées depuis bien longtemps maintenant) Reste le patron du bar, un jeune un peu moins jeune que l'autre patron, la petite quarantaine ou alors une fin de trentaine comme on voudra de toute manière on s'en fiche. Un tee-shirt, pas à la gloire d'une équipe de foot mais avec un dessin humoristique. Certainement humoristique bien que je ne me rappelle absolument plus du dessin. Voilà pour les gens. La réunion se passant dans la salle à manger décrite tant bien que mal dans le paragraphe précédent, nous nous y sommes rendus, non sans avoir commandé un verre sur injonction du patron. Si je compte bien, tout les clients du bar se sont rendus dans la salle à manger sauf le vieux. Je ne sais pas où il est passé celui-là. Peut être le patron l'a t'il rangé dans un placard attendant le lendemain pour le ressortir où alors c'est le modèle mobile de vieux et dans ce cas là il a pu rentrer chez lui. Toujours est-il qu'il a disparu. Et du coup le bistrot était vide. On s'en fout.

La réunion a commencé par un toast porté à nous (y'a pas d'mal) et les présentations. Présents, les deux patrons de bar, les deux DJ, un membre de l'autre groupe de la soirée et nous (nous sommes venus à quatre) Le premier quart d'heure un peu froid, c'est normal, dans les campagnes l'acceuil des étrangers n'est pas souvent chaleureux, méfiance de paysan. Sans compter que la réunion ayant pour objet les problèmes d'ordre technique et que de nous quatre personne ne s'y connaissait, que les patrons de bars n'y connaissaient rien du tout, ça n'aide pas. Tant bien que mal, nous arrivons à définir nos besoins et préparer l'organisation. Je résume mais ça a bien pris une heure et au moins deux autres tournées (mais sans toast parce que trop de toasts tue le toast) Après une heure et deux ou trois tournées, l'atmosphère est évidemment moins glaciale et l'ambiance plus détendue. Pour fêter ça, tournée. Discussions diverses sur les groupes, les Sarkos (nouvel argot pour flic ou gendarme) qui font bien du mal au commerce de l'alcool, les connaissances communes (le monde est tout petit et en fin de compte il s'avère que tout le monde connaît tout le monde ou presque) Discussion entrecoupée bien sûr de quelques tournées (le nombre exact, je ne m'en rappelle plus trop) La réunion se termine quand même, il est presque minuit, sur une tournée ultime au cours de laquelle nous portons un toast (à la rencontre, au concert à venir, aux dispositions prises,...) Fin de la soirée.


Retour prudent parce que même si le conducteur s'est arrêté de boire en cours de soirée, ce n'est pas sûr du tout qu'il n'explose pas les limites (je sais, ce n'est pas bien mais nous sommes tombés dans une embuscade et n'avons pas vu le coup venir) Nous décidons d'aller manger un bout parce que quand même, cinq heures d'apéro sans manger autre chose que des gâteaux apéritifs ça ne remplit pas le ventre. Hélas, le lundi à minuit et quelques, il n'y a pas beaucoup de restaurants ouverts. Il y en a même aucun. Déçus par cette atteinte à notre estomac, nous abrégeons la soirée.

Demain, début des concerts de la semaine, en extérieur. Ca pleut, ça caille, ça craint. En plus la scène n'est pas bâchée. Je crois que le concert n'aura pas lieu. 

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