18 janvier 2005
Les critiques littéraires
Les
critiques littéraires ne sont habituellement pas ma tasse de thé. Je
les trouve souvent insipides et dépourvues d'intérêts. Je suis d'assez
mauvaise foi en écrivant cela, car la vérité, c'est que je ne connais
pas de bons critiques et je ne sais où les trouver.
C'est donc avec un peu d'appréhension que je débutais la lecture de "les quatre jeudis" de Brasillach. Bien sûr, j'étais prêt à faire preuve d'une grande tolérance, eut égard à la grande considération que m'inspire l'auteur, mais cela suffirait-il ? Le livre est un « album d'images littéraires » d'après des articles que l'auteur écrivit pour « Action Française » dans les années 30. Le mieux, pour comprendre l'intention du livre est que je recopie ce qu'en dit Robert Brasillach lui-même :
« Il faut sans doute ici que l'auteur s'excuse d'avoir à parler de lui-même. Mais je n'ai guère envie de dire ce qui est coutume au seuil d'un tel livre : ou bien qu'il s'agit d'un tableau concerté et mûrement réfléchi de la littérature contemporaine, ou bien qu'il ne faut y voir qu'un recueil d'anciens articles, où l'on n'a pas changé une virgule, et qu'on soumet avec beaucoup d'orgueil au jugement des lecteurs. Non, ceci n'est point un livre concerté, et ce n'est pas davantage un assemblage d'article parus au jour le jour, où l'on a respecté pieusement les états dives de la « pensée » de l'auteur. On espère que c'est, encore une fois, un album d'images, d'images littéraires, un miroir qui conserve quelques reflets d'une époque disparue, un souvenir fidèle des livres que nous avons lu pendant dix ans, des querelles d'alors, des opinions qui furent les nôtres sur l'art du roman, la poésie, et quelques-uns de nos plus notables contemporains. »
Vous comprendrez ma réticence. Moi qui ne lit pas de critiques littéraires de mes contemporains à moi (qui ne sont par conséquent pas les mêmes que ceux de Brasillach) qu'allait-je trouver comme intérêt dans la critique de contemporains qui n'étaient pas les miens ? C'était oublier les noms Hugo, Proust, Simenon, Céline, la liste est impressionnante. Comme ma mauvaise foi est décidément tenace (doublée de mon ignorance), j'ai bien envie d'ajouter que je ne suis pas certain qu'un auteur trouverait autant de noms prestigieux à aligner aujourd'hui.
Bon, admettons que si, quand même. Mais le contexte n'est plus le même. Le nombre d'écrivains a explosé, le nombre de lecteurs aussi, mais il se perd dans une telle offre que l'impact n'est plus le même. Les succès sont rarement littéraires. Les « noms » ne doivent plus leur renommée à leur style ou leur génie mais à l'opportunité qu'il saisiront de toucher le public sur un point qu'il a sensible.
Certes, il manque le recul. Le temps n'a pas encore achevé son uvre de séparer le bon grain de l'ivraie. Nous sommes condamnés à prendre de plein fouet tout ces mots de tous ces auteurs et de nous débrouiller avec. Pour ma part, je suis dans l'obscurité la plus totale pour distinguer ceux qui éviteront l'oubli et la gloire éphémère.
D'autres le font déjà peut-être. Ces fameux critiques littéraires que je dénigre un peu dans la première phrase de mon entrée. Sans doute ont-ils déjà posé les jalons, et ceux qui seront les grands de demain sont sans doute passé par leur plume. Si quelqu'un pouvait m'indiquer quelques noms qui préparent le futur littéraire, je lui en serait très reconnaissant.
Mais j'en reviens à Brasillach. Lui fait partie de ceux qui mettaient souvent le doigt sur ceux qui compteraient dans le futur (même si ce n'est pas très objectif que d'écrire ça, sans doute de grands noms n'ont-ils pas vu leur avènement bien qu'ils le méritassent)
Le contenu ensuite. Les quelques pages que j'ai lues, montrent combien Roro maîtrisait ses sujets. Il connaissait intimement les uvres qu'il critiquait. Sa culture est affolante, les références nombreuses et inspirées. Le style, j'en ai déjà parlé, magnifique. Bien sûr, ses textes sont orientés. Nationaliste un jour, nationaliste toujours. Mais il n'en abuse pas. Souvent il est objectif et ne fait que souligner la nationaliste de l'un, pour s'en féliciter ou regretter les opinions de l'autre, sans pour autant en faire l'argument destructeur.
Pire, il donne envie. Envie de lire bien sûr. De Péguy par exemple, je ne connaissais que le nom. J'ignorais tout de son uvre, et voilà qu'à la lecture des pages qui lui sont consacrées, me prend l'envie de la découvrir. Et ce, malgré les mises en garde de Brasillach sur la lourdeur de certaines pages, le radotage pénible qu'il faut parfois endurer avant de trouver les éclairs de génies qui font que tout est pardonné.
Je lis, et je suis avide de connaître la suite. Cet éclairage nouveau me grise. Il me rappelle que des livres qui me sont chers, beaucoup ont été étudiés par moi en classe. Ce qui me donne l'impression que lire s'apprend. Qu'au delà des mots, le sens se trouve dans l'étude. Comme l'artiste contemporain qui, devant le scepticisme du spectateur de son uvre, se défend en disant que l'art s'apprend, qu'il faut en connaître la symbolique pour en saisir la portée et l'apprécier.
Je crois que je partage cet avis. Si je me refuse souvent à comprendre une uvre et en saisir les ficelles quand celle-ci me plaît en me procurant des sensations agréables, j'admets volontiers que celles qui me laissent de prime abord froid méritent de l'attention de ma part, des conseils, des explications. Alors peut-être en saisirai-je la beauté.
Pour les livres, qui sont aussi des uvres, je partage la même opinion. Souvent, je ne fais pas l'effort, mais la production est tellement gigantesque qu'il est facile de passer d'un livre à l'autre, d'en laisser un qui ne me touche pas pour aller vers celui qui me fera vibrer. C'est ainsi que je procède habituellement. Mais là, l'occasion m'est offerte de comprendre, d'apprendre à distinguer la subtilité d'un roman ou la beauté d'une poésie. Il me semble que j'aurais tort de ne pas en profiter.
C'est donc avec un peu d'appréhension que je débutais la lecture de "les quatre jeudis" de Brasillach. Bien sûr, j'étais prêt à faire preuve d'une grande tolérance, eut égard à la grande considération que m'inspire l'auteur, mais cela suffirait-il ? Le livre est un « album d'images littéraires » d'après des articles que l'auteur écrivit pour « Action Française » dans les années 30. Le mieux, pour comprendre l'intention du livre est que je recopie ce qu'en dit Robert Brasillach lui-même :
« Il faut sans doute ici que l'auteur s'excuse d'avoir à parler de lui-même. Mais je n'ai guère envie de dire ce qui est coutume au seuil d'un tel livre : ou bien qu'il s'agit d'un tableau concerté et mûrement réfléchi de la littérature contemporaine, ou bien qu'il ne faut y voir qu'un recueil d'anciens articles, où l'on n'a pas changé une virgule, et qu'on soumet avec beaucoup d'orgueil au jugement des lecteurs. Non, ceci n'est point un livre concerté, et ce n'est pas davantage un assemblage d'article parus au jour le jour, où l'on a respecté pieusement les états dives de la « pensée » de l'auteur. On espère que c'est, encore une fois, un album d'images, d'images littéraires, un miroir qui conserve quelques reflets d'une époque disparue, un souvenir fidèle des livres que nous avons lu pendant dix ans, des querelles d'alors, des opinions qui furent les nôtres sur l'art du roman, la poésie, et quelques-uns de nos plus notables contemporains. »
Vous comprendrez ma réticence. Moi qui ne lit pas de critiques littéraires de mes contemporains à moi (qui ne sont par conséquent pas les mêmes que ceux de Brasillach) qu'allait-je trouver comme intérêt dans la critique de contemporains qui n'étaient pas les miens ? C'était oublier les noms Hugo, Proust, Simenon, Céline, la liste est impressionnante. Comme ma mauvaise foi est décidément tenace (doublée de mon ignorance), j'ai bien envie d'ajouter que je ne suis pas certain qu'un auteur trouverait autant de noms prestigieux à aligner aujourd'hui.
Bon, admettons que si, quand même. Mais le contexte n'est plus le même. Le nombre d'écrivains a explosé, le nombre de lecteurs aussi, mais il se perd dans une telle offre que l'impact n'est plus le même. Les succès sont rarement littéraires. Les « noms » ne doivent plus leur renommée à leur style ou leur génie mais à l'opportunité qu'il saisiront de toucher le public sur un point qu'il a sensible.
Certes, il manque le recul. Le temps n'a pas encore achevé son uvre de séparer le bon grain de l'ivraie. Nous sommes condamnés à prendre de plein fouet tout ces mots de tous ces auteurs et de nous débrouiller avec. Pour ma part, je suis dans l'obscurité la plus totale pour distinguer ceux qui éviteront l'oubli et la gloire éphémère.
D'autres le font déjà peut-être. Ces fameux critiques littéraires que je dénigre un peu dans la première phrase de mon entrée. Sans doute ont-ils déjà posé les jalons, et ceux qui seront les grands de demain sont sans doute passé par leur plume. Si quelqu'un pouvait m'indiquer quelques noms qui préparent le futur littéraire, je lui en serait très reconnaissant.
Mais j'en reviens à Brasillach. Lui fait partie de ceux qui mettaient souvent le doigt sur ceux qui compteraient dans le futur (même si ce n'est pas très objectif que d'écrire ça, sans doute de grands noms n'ont-ils pas vu leur avènement bien qu'ils le méritassent)
Le contenu ensuite. Les quelques pages que j'ai lues, montrent combien Roro maîtrisait ses sujets. Il connaissait intimement les uvres qu'il critiquait. Sa culture est affolante, les références nombreuses et inspirées. Le style, j'en ai déjà parlé, magnifique. Bien sûr, ses textes sont orientés. Nationaliste un jour, nationaliste toujours. Mais il n'en abuse pas. Souvent il est objectif et ne fait que souligner la nationaliste de l'un, pour s'en féliciter ou regretter les opinions de l'autre, sans pour autant en faire l'argument destructeur.
Pire, il donne envie. Envie de lire bien sûr. De Péguy par exemple, je ne connaissais que le nom. J'ignorais tout de son uvre, et voilà qu'à la lecture des pages qui lui sont consacrées, me prend l'envie de la découvrir. Et ce, malgré les mises en garde de Brasillach sur la lourdeur de certaines pages, le radotage pénible qu'il faut parfois endurer avant de trouver les éclairs de génies qui font que tout est pardonné.
Je lis, et je suis avide de connaître la suite. Cet éclairage nouveau me grise. Il me rappelle que des livres qui me sont chers, beaucoup ont été étudiés par moi en classe. Ce qui me donne l'impression que lire s'apprend. Qu'au delà des mots, le sens se trouve dans l'étude. Comme l'artiste contemporain qui, devant le scepticisme du spectateur de son uvre, se défend en disant que l'art s'apprend, qu'il faut en connaître la symbolique pour en saisir la portée et l'apprécier.
Je crois que je partage cet avis. Si je me refuse souvent à comprendre une uvre et en saisir les ficelles quand celle-ci me plaît en me procurant des sensations agréables, j'admets volontiers que celles qui me laissent de prime abord froid méritent de l'attention de ma part, des conseils, des explications. Alors peut-être en saisirai-je la beauté.
Pour les livres, qui sont aussi des uvres, je partage la même opinion. Souvent, je ne fais pas l'effort, mais la production est tellement gigantesque qu'il est facile de passer d'un livre à l'autre, d'en laisser un qui ne me touche pas pour aller vers celui qui me fera vibrer. C'est ainsi que je procède habituellement. Mais là, l'occasion m'est offerte de comprendre, d'apprendre à distinguer la subtilité d'un roman ou la beauté d'une poésie. Il me semble que j'aurais tort de ne pas en profiter.
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