Hier n'a pas existé
Hier na pas existé. Je le sais, jy étais. Jexagère.
Toujours exagérer, forcer le trait. Quand je dis quil na pas existé, cest
juste que je nai rien fait de ce qui fait mes journées en général. Donc, jai
commencé par me lever tôt (je lai déjà écrit hier, mais un petit rappel na
jamais fait de mal à personne) je me suis occupé de moi, jai écrit. Puis,
lévidence : je devais faire du ménage et la lessive. Je mattelle à la
tâche, non sans entrain, car quand je me suis enfin décidé, jaime rendre propre
mon appartement. Vers midi, jarrête. Ma satisfaction à obtenir la propreté de
mon antre est atteinte et je peux cesser.
Donc, je me demande quoi faire. Normal. Le temps, exécrable,
nincite guère à la promenade et autres activités extérieures. Je nirais pas
dehors. Je nai pas non plus très envie de voir des gens et de parler, je ne
téléphonerais à personne, je ne répondrais pas non plus aux coup de fil. Je
suis donc en mode « ermite ». Je naspire pas à la méditation, qui
est pourtant lactivité préférée de lermite. Je ne méditerais pas. Pas plus
envie non plus de prendre ma basse et de jouer, décrire de la musique ou de
reprendre mes tubes de peintures et barbouiller quelques toiles. Je ne ferais
rien de tout ça. Je souhaite la tranquillité, et ne développer aucune des
pensées qui traversent mon esprit. Celles-ci, jai envie de les ressentir,
comme une lumière diffuse dans lequel baignerait mon crâne. Je souhaite juste
sentir leurs caresses et me laisser porter par leurs ondes.
Me vient lidée. Cest la journée idéale pour regarder des
films. Moi qui nen regarde jamais ou presque et qui pourtant mobstine à
télécharger quelques-uns, dans je ne sais quel but, jai envie de minstaller
confortablement dans mon lit qui grince (ce nest rien de le dire, pour prendre
la pleine mesure des grincements, il faut entendre) et de lancer les divX. En
fait, je le connais le but des téléchargements : occuper les journées où
je nai rien envie dautre. Action. Pour ne pas meffrayer, je commence par un
film déjà vu, dun style que jai honte daimer mais comme cest bon la honte,
cest bon : « Sex Academy ». Bien que je connaisse déjà,
je ne peux mempêcher de mamuser des gags potaches et sexuels. Je ne suis pas
difficile à contenter.
Cette mise en bouche mincite à continuer dans le registre
comique. Je mate donc la seconde partie des « Carnets de monsieur
Manhattan ». Je ris. Jadore
Benoît Poelverde. Les sketchs sont souvent amusants, lacteur joue bien,
les dialogues, les monologues sont séduisants de par leur forme et leur teneur.
Il parle bien, il dégage un enthousiasme communicatif. Je me régale.
Le comique mayant lassé, je me décide pour
« lExpérience », un film allemand, qui raconte lhistoire dune
expérience humaine. Une vingtaine dhommes répondent à une annonce qui demande
des volontaires pour être les cobayes dune expérience. Douze dentre eux
joueront des prisonniers, huit autres les surveillants de prison. Ils seront
enfermés et des caméras filmeront vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les
réactions de chacun, lévolution de la situation, la gestion des crises. Tous
commencent lexpérience avec enthousiasme, cest la franche rigolade,
lexpérience est non seulement bien payée mais en plus facile. Puis, les
premières tensions apparaissent et les surveillants doivent gérer. Les jours
passent, le climat se dégradent, les surveillants apprennent le pouvoir, en
usent et en abusent, les prisonniers craquent. Des hommes se révèlent, dautres
seffacent. Puis, lexpérience dérape. Jarrête ici de raconter, je ne vais pas
tout dire. Le film ma plu mais il est assez dur à regarder. Je le recommande.
Repensant à Benoît Poelverde, je me souviens que jai
toujours en stock « cest arrivé près de chez vous » et je décide de
le visionner à nouveau. Jadore ce film, inutile de revenir dessus. A voir et à
revoir.
Je me décide ensuite (quand je dis que cest ma journée
films, je ne mens pas) pour « Peau dAne », avec Jean Marais et
Catherine Deneuve. Jai un peu honte à lavouer, mais je ne connaissais pas le
conte. Jy avais échappé, je ne sais pas pourquoi. Le film est excellent. Les
décors, les maquillages, kitch, les acteurs, bons, les chansons, excellentes
(cest un peu une comédie musicale, la musique est de Michel Legrand) Le conte
quant à lui, a presque réussi à meffrayer, au début : le roi, la reine et
la princesse vivent dans un royaume idyllique. La reine meurt et fait jurer à
son roi de mari de ne se remarier que le jour où il aura trouvé une femme plus
belle et mieux faite quelle. Le roi na pas très envie de se remarier mais il
jure quand même. Après quelques temps de veuvage, ses ministres lui rappelle
quil na pas dhéritier mâle et que ce nest pas bon pour la quiétude du
royaume. Le roi finit par se ranger à leur vue et décide de chercher une
princesse et lépouser. Ses valets parcourent les royaumes et ramènent des
portraits de princesse. Manque de bol, elles sont toutes pas belles, voire
moches. Un ministre lui propose un dernier portrait. Le roi flashe dessus et
lui demande qui est-ce. « Votre fille » lui répond-il. Il faut dire
que depuis la mort de la reine, le roi refusait de voir sa fille, mais comme je
ne lavais pas précisé, vous ne pouviez pas le savoir. Ceci dit, il aurait
quand même pu la reconnaître. Jean Marais nest pas très physionomiste. Il
tombe amoureux de sa fille et désire lépouser. Il le lui fait savoir. La
princesse aime le roi son père, mais elle ne veut pas de ces amours coupables.
Elle lui demande un délai pour répondre. Il le lui accorde. La princesse va
voir sa marraine, la fée (cest un conte, il y a des fées) et lui expose son
tourment. Comme cest une fée, elle est déjà au courant. Elle lui rappelle,
dans une chanson (ma préférée du film) quil est impossible quune fille épouse
son papa. La princesse est daccord, pourtant le trouble est dans son cur,
elle aime beaucoup le roi. Ceci dit, elle se range à lavis de sa marraine.
Celle-ci met au point un stratagème pour que la princesse échappe au mariage.
Voilà. Ensuite, le film continue mais il ma fait moins peur. Ce qui ma
dérangé, cest cette histoire dinceste. Jai vraiment cru que le roi allait
épouser sa fille. Ballot que je suis. Javais oublié que cétait un conte et
que dans les contes la morale est toujours sauve. Bon, sinon jai adoré tous
les anachronismes, comme le roi lisant à sa fille des poèmes du futur,
lhélicoptère qui arrive à Chambord (il ma bien semblé reconnaître Chambord)
Jai adoré lhumour qui rend le film léger. Je le recommande à tous ceux qui ne
le connaissent pas (je ne sais pas sil existe en DVD, mais il est
téléchargeable, même si ce nest pas bien de télécharger)
Pour clore la journée films, je mets « Bad Boys II »
dans le lecteur. Le film est nul, et je nai pas clos en beauté. Jaurais mieux
fait de men tenir à « Peau dAne ». Rien à dire dessus, cest
mauvais de bout en bout. Un petit film de rien du tout, avec les ingrédients
habituels des films américains, poursuites en bagnole interminables, humour
lourdingue, répliques pré mâchées. Mauvais.
Après, je navais plus envie de regarder de films, jai donc
repris mon livre.
En fait, hier a existé. Différemment.
Les paroles de ma chanson préférée de Peau d'Ane :