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JAM
15 décembre 2004

Harmoniques

En tirant sur ma cigarette, je réfléchis à ce que je vais bien pouvoir écrire aujourd'hui. La plupart du temps, je ne sais pas, tant j'ai pris l'habitude, depuis bientôt quatre ans qu'existe ce journal de mettre à part mes sentiments quand j'écris. Pour être tout à fait exact, j'exprime parfois mes sentiments mais seulement sur des sujets qui ne m'apparaissent pas comme important. Tout ce qui me touche vraiment, je le garde pour moi. Parfois, je tente de changer et même, j’y arrive, mais jamais ce n’est naturel, jamais malgré la satisfaction que j’éprouve toujours à le faire, comme une victoire sur moi-même, j’en tire une leçon et toujours j’en reviens à me cacher, à ne pas les mettre à disposition à personne d’autre que moi-même.

 

Ce journal sera toujours frappé du sceau du secret, que personne n’a demandé, bien au contraire devrais-je dire tant l’attente est importante en matière de sincérité et de vérité de la part des lectrices (et des lecteurs) Mais qui sont-ils pour exiger ça ? (quand je suis lecteur, j’ai les mêmes exigences mais là, je parle en tant que diariste) Qu’est-ce qui leur permet d’avoir autorité sur ce que l’auteur du journal ne veux pas dévoiler ? Rien. Ils sont là, prennent ce qu’on leur offre et devraient se taire, satisfaits déjà d’avoir entraperçu au travers une lucarne ce qui se trame derrière les pages d’un anonyme. Mais non, l’être humain n’est pas comme ça. Il veut tout savoir, tout le temps. Il a sa curiosité qui le démange, sa compassion parfois, sa pitié. Sans compter les résonances qui se déclenchent à la lecture de telle ou telle entrée. Lire, c’est comme pincer une corde de guitare, en effleurant celle-ci d’un doigt de l’autre main. Selon que l’on aura placé le doigt à tel ou tel endroit, des harmoniques naîtront ou le son sera étouffé.

 

Lire c’est mettre un doigt sur la vie de quelqu’un et attendre de voir s’il en sort un son ou non. Quand rien ne se passe, c’est que la résonance ne se sera pas produite, le doigt aura été placé au mauvais endroit. La lectrice (le lecteur) passera son chemin. Qu’un son se produise et l’envie de mélodie naîtra. Mais pour une mélodie, il faut connaître la musique. Cette musique, c’est les mails que la lectrice (le lecteur) enverra au diariste, ces tentatives pour comprendre mieux, pour partager quelque chose qu’elle sent qu’elle a en commun. Il lui semble, parce que certains écrits résonnent en elle, qu’elle pourra donner à l’auteur ses impressions, qu’elle pourra éventuellement le conseiller, apporter de l’eau à son moulin. Mais non, ce n’est pourtant pas une obligation. Ce n’est pas parce que des expériences auront été communes qu’elles engendreront les mêmes conséquences au niveau des sentiments, ni les mêmes solutions.

 

Ce n’est pas parce que des sentiments auront été commun que ce sont les mêmes raisons, les mêmes faits qui les auront déclenchées. Et quand bien même. En admettant que de mêmes expériences auront entraîné les mêmes conséquences que le chemin parcouru par chacun sera identique. On peut aller de Paris à Brest, en passant par Lille ou par Marseille. Que l’itinéraire choisi soit différent et les expériences seront différentes. Quand en plus on ne choisi pas d’aller de Paris à Brest mais que ce trajet vous est imposé et le chemin n’en sera que plus diversifié suivant la nature des gens. Il y a ceux qui voudront être à destination tout de suite, le plus rapidement possible, sans tarder et ceux qui voudront prendre le temps, profiter des paysages ou d’une étape gastronomique. Il y a ce qu’on veux mais aussi ce qu’on peux. On voudra peut-être se rendre rapidement sur les lieux de destination, mais on ne pourra peut-être pas. Parce que des obligations externes ne le permettront pas (dans le cas du voyage, l’argent par exemple) mais comme on sait qu’il faut quand même y aller, on ira. A son rythme. Tout ça pour dire que les résonances, si elles existent, ne reposent pas toujours sur des réalités. La musique est créée d’après le doigt que nous plaçons sur le manche de la l’instrument de musique et quelle est la probabilité pour que le doigt du lecteur se place au même endroit ? Très faible. Le son pourra se faire entendre, mais ce sera rarement le même que le son qu’entendra le diariste.

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